Articles

Dans cet article, j’ai envie de vous parler de « Don’t look up » et « Une fois que tu sais » : 2 films à voir pour, peut-être, sortir du déni et entamer la traversée de la courbe du changement.

« Don’t look up »

Ce film, réalisé par Adam McKay, c’est l’histoire de scientifiques qui découvrent qu’une météorite s’apprête à détruire la Terre et vont alors tout faire pour prévenir l’humanité de la probable et inévitable fin du monde, et tenter d’empêcher cette catastrophe. Mais voilà, ils se heurtent à un déni généralisé.

Comment ne pas faire le parallèle avec le déni dans lequel nous sommes face aux dérèglements climatiques et aux conséquences de ceux-ci ?

Sujet on ne peut plus d’actualité alors que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) vient de publier ce 28 février 2022 le 2eme volet de son 6eme rapport. Celui-ci, une fois de plus, tire la sonnette d’alarme sur les conséquences désastreuses de la logique économique en vigueur depuis les années 70 qui engendre une accélération du réchauffement climatique jamais vue depuis l’histoire de la Terre. Si vous n’avez à court terme pas le temps de lire le résumé à l’intention des décideurs fait par le GIEC (ici : https://lnkd.in/dWrtjeQQ), je vous invite déjà à lire dans un 1er temps la très bonne synthèse de ce rapport faite par le site bonpote.com : https://lnkd.in/dnfzDXe2.

Le déni : la première étape de la courbe du deuil ou courbe du changement

Le déni est la première étape dans la courbe du deuil, modélisée par Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre helvético-américaine. Cette courbe s’applique au deuil, mais aussi à toute forme de perte catastrophique. Le déni est donc normal. Simplement, il ne faut pas y rester, sous peine de ne jamais se mettre en mouvement. Ce que nous montre cette courbe, qui est aussi la courbe du changement, c’est qu’il est indispensable d’aller connecter à nos émotions pour sortir du déni (voir image ci-dessous, issue de cet article : https://www.swissleaders.ch/article/actuel/accompagnement-manager). Ce à quoi nous invite d’ailleurs merveilleusement bien « le travail qui relie » (work that reconnects) que propose Joanna Macy pour justement faire face à l’effondrement annoncé. Aller rencontrer notre colère, notre peur, notre tristesse. Contacter à notre vulnérabilité pour nous mettre en mouvement. C’est d’ailleurs cela, le rôle des émotions. Etymologiquement, elles nous ramènent au latin « emovere », le mouvement. Les émotions sont des énergies qui nous mettent en mouvement. Nous permettant de sortir du déni pour aller vers une phase de remise en question, puis de remobilisation et enfin d’engagement.

Ce qui m’amène au deuxième film dont j’avais envie de vous parler…

Courbe du changement

« Une fois que tu sais »

Je ne peux que vous recommander de regarder ce film, écrit et réalisé par Emmanuel Cappelin, que l’on peut notamment trouver en VOD sur Vimeo (https://www.nourfilms.com/cinema-independant/une-fois-que-tu-sais/).

Un film qui m’a profondément touchée, et qui, en cela, joue bien ce rôle de mise en mouvement. Les rapports du GIEC sont de la plus haute importance, ils parlent à notre tête, à notre part rationnelle, en alignant toute une série de faits scientifiques. Mais ils peuvent créer un choc et amener au déni : « Ce n’est pas possible, on n’en arrivera jamais là ! » Ou alors : « Ne nous inquiétons pas, on va trouver des solutions. » Ou encore : « C’est impossible, nous n’y arriverons jamais ! »

Ce film m’a touchée par la sensibilité de son écriture et par sa lucidité quant au double défi auquel nous devons faire face : pénurie de ressources et changement climatique, amenant dans leur sillage un effondrement… Il apporte les faits, les données des scientifiques, mais donne aussi à voir l’impact des changements qui sont déjà à l’œuvre, donne la parole à celles et ceux qui ont peur et qui se démènent pour sensibiliser et agir, ou simplement pour survivre.

C’est un film qui ne peut pas laisser indifférent, qui questionne sur notre responsabilité, notamment par rapport aux pays qui vivent déjà les conséquences dramatiques du réchauffement climatique. Aujourd’hui, ce sont ces pays-là qui sont touchés. Comment peut-on rester insensible face à cette injustice climatique où ce sont les actions des pays les plus riches qui impactent les pays les plus pauvres, avec pour conséquences des famines obligeant les populations à fuir leur pays ? Et demain, on le sait, ce sont tous les pays qui seront touchés. En témoignent les récents feux de forêt en Californie ou en Australie, ou plus près de chez nous, les inondations de juillet 2021 en Belgique et en Allemagne.

« Une fois que tu sais, tu ne peux plus jamais être le même. (…) Pour moi, la seule stratégie possible est de faire en sorte de n’avoir aucun regret. Il faut donc faire de notre mieux maintenant afin de sensibiliser et de créer des exemples de modes de vie durables. Il faut réduire la souffrance humaine et préserver les écosystèmes du mieux qu’on peut. Il faut aussi lâcher prise et se dire que d’une façon ou d’une autre, tout cela fera la différence. On se dirige vers des temps difficiles, mais plus on sera nombreux à s’engager, à créer de la résilience et à agir avec empathie, voire même un peu de sagesse, mieux on s’en sortira tous. »

Richard Heinberg

« Je pense que l’avenir de l’Homme peut prendre deux directions possibles. Soit on optera pour la solidarité, soit une scission se créera entre les riches et les pauvres, entre les différents pays. Il y aura des guerres pour les ressources, on ne pourra plus stopper les flux de migrations. On essaiera d’y mettre fin en tirant sur les bateaux, en tuant, comme c’est déjà le cas en ce moment en Méditerranée et dans le golfe de Thaïlande. Il s’agit de sacrifier une part grandissante du monde pour permettre à un petit nombre de continuer à vivre. Ce serait un monde forteresse. »

Saleemul Hug

Est-ce de ce monde dont nous voulons, un monde où à l’image des Etats-Unis ou de l’Inde qui érigent des murs à leurs frontières, chacun se barricade chez soi ?

Il y a urgence à sortir du déni et à ouvrir nos yeux et notre cœur sur ce qui se passe. Nous avons à vivre collectivement la courbe du changement, à en traverser collectivement toutes les étapes.

« C’est la transformation la plus difficile que l’humanité ait jamais traversée, et la plus risquée, du point de vue de notre espèce. »

Susanne Moser

Vous l’aurez compris, c’est un film qui nous permet de traverser en accéléré beaucoup d’émotions. La colère, la tristesse, mais aussi l’espérance. Il nous invite à choisir la voie de la solidarité et la coopération. Dès aujourd’hui, pour préparer demain. « Inventer des récits où, en se préparant ensemble, on préparerait aussi le monde d’après. Des récits collectifs, humbles et joyeux. »

Alors, si on y allait, qu’on plongeait une bonne fois pour toute pour aller rencontrer nos émotions ? Ce n’est certes pas confortable, c’est déstabilisant, mais nous avons besoin de passer par là pour revenir à la vie, pour nous remobiliser et agir au service de la vie.

Cet article vous parle ? N’hésitez pas à le partager ou à me contacter pour en discuter ! Je propose avec Véronique Péterlé des parcours pour se mettre en mouvement qui allient fresque du climat pour comprendre, travail qui relie pour ressentir et entrer dans le processus du changement, et enfin atelier 2 tonnes et ateliers de créativité pour identifier des solutions et passer à l’action.

Dans nos vies qui filent à 200 à l’heure, il me semble essentiel de savoir s’arrêter pour prendre des moments de recul, pour ensuite mieux repartir. Pas repartir plus vite, mais mieux.

Le début d’année est un temps propice pour prendre ce recul et faire le bilan de l’année écoulée. Prendre le temps d’apprécier le chemin parcouru, de célébrer les réussites et ainsi booster la confiance en soi. Et aussi regarder avec honnêteté quels besoins ont été nourris, et à l’inverse, quels besoins n’ont pas été nourris, pour pouvoir clarifier ses intentions pour la nouvelle année.

Je viens de mon côté de faire mon bilan de l’année 2021 de mon activité d’entrepreneur, que j’avais envie de vous partager. A la fois parce que je suis fière de ce que j’ai réalisé, et que le partage de nos fiertés contribue à renforcer la confiance en soi et l’estime de soi. Et aussi parce partager ce bilan, c’est poser ouvertement mes intentions pour l’année 2022. Et en cela, c’est un peu comme un engagement que je prends devant les personnes qui me liront, un engagement à suivre le cap que je me donne en ce début d’année pour réaliser de ce qui est vraiment important pour moi.

Alors 2021, pour moi et pour Keychange, c’était…

Des interventions pour contribuer au développement personnel et développement du leadership individuel :

  • Animation pour Leroy Merlin de 14 ateliers « Tous leaders » et de 2 formations pour devenir animateur interne de cet atelier
  • Animation d’ateliers pour aller à la découverte de sa raison d’être

Des interventions pour contribuer au mieux travailler ensemble :

L’animation de formations à l’intelligence émotionnelle, intelligence relationnelle et intelligence collective :

  • Animation d’une formation à la facilitation de facilitateurs internes pour Bong
  • Animation de séminaires d’intelligence collective et relationnelle pour les étudiants de l’IESEG
  • Animation de cours sur l’intelligence collective en anglais pour les étudiants du Master International RH and Performance Management de SKEMA Paris

L’animation d’ateliers et de séminaires :

  • Animation de 2 journées de team building en anglais pour les étudiants du Master International RH and Performance Management de SKEMA Paris
  • Animation d’un atelier sur la collaboration générative (méthode d’intelligence collective) dans le cadre de la Fabrique du Changement
  • Animation d’un atelier d’ouverture à l’intelligence intuitive dans le cadre d’un séminaire de créativité de McCain
  • Animation d’un atelier « Le manager – permaculteur : pour des organisations résilientes et durables” dans le cadre du séminaire des managers du Département du Nord
  • Animation d’un atelier sur l’intelligence émotionnelle dans le cadre de la Fabrique du Changement
  • Co-animation d’une journée de Team Building pour l’IRTS

Des interventions pour contribuer à la réinvention l’expérience client… tout en réinventant la manière de travailler ensemble (expérience collaborateur), les 2 allant de pair :

  • Finalisation de la mission pour Lesaffre commencée en juin 2020 pour aider la Direction marketing et commerciale à réinventer le Baking Center au service d’une nouvelle expérience clients et collaborateurs
  • Accompagnement d’Ilevia sur une démarche de design thinking pour améliorer l’expérience des usagers en cas de circulation perturbée 
  • Accompagnement de Castorama dans le diagnostic du parcours clients de projets et l’écriture du parcours clients cible
  • Animation d’une formation pour développer un comportement orienté client pour l’AFPA
  • Accompagnement de Thermor sur une mission d’expérience client, avec en pierre angulaire du dispositif l’animation d’un forum ouvert dédié à l’expérience client pour 120 personnes
  • Démarrage d’une mission d’expérience client pour Gnosis By Lesaffre en anglais

Des interventions pour contribuer à faire émerger un monde plus durable :

  • Animation de séminaires de créativité pour les étudiants de l’IESEG pour leur permettre de s’approprier différentes techniques de créativité au service d’un projet de solidarité
  • Accompagnement de Sparknews dans le nouveau format d’animation du Club de la transformation positive
  • Lancement des ateliers Graine de soleil : des ateliers pour retrouver l’envie d’agir pour impacter positivement le monde
  • Animation d’une fresque du climat et d’une séance de créativité orientée solutions plus durables pour Badsender
  • Animation de fresques du climat, TD et d’un cours « Vers des modèles économiques plus durables » pour les étudiants de Centrale Lille et de l’ITEEM

Des engagements tout au long de l’année :

  • Obtention de ma certification en design de projets en permaculture « Permaculture Design Course », après une formation de 26 jours entre septembre 2020 et juin 2021
  • Co-organisation de la 2eme édition de la Fabrique du Changement de Lille, événement rassemblant 400 personnes dédié à la transformation des organisations

Quelle année ! Je ressens de la fierté de voir tout ce que j’ai accompli et de la joie à me remémorer certains moments. Mais aussi de la frustration à ne pas être allée plus loin sur certains sujets, à ne pas les avoir rendus pérennes. Et une forme de pression et de tournis, qui me renvoie à cette année ultra intense, sans coupure, avec par moments des soirées et week-ends à travailler : c’était vraiment trop !

Ce qui m’amène à prendre conscience des besoins qui ont été nourris, et à l’inverse, de ceux qui n’ont pas été nourris.

J’ai nourri mes besoins de création et co-création, créativité, nouveauté, innovation, partage, transmission, accompagnement, sécurité. Ainsi que mes besoins de créer et faire vivre des moments d’écoute, de connexion et de partage authentiques, et mon besoin d’avoir une contribution utile et positive.

Mais au détriment de certains besoins qui n’ont pas été nourris, et notamment, mon besoin d’équilibre entre l’ETRE et le FAIRE. Cette année a été fatigante et mon corps peine à retrouver de l’énergie. Prendre conscience de tout cela me permet de me réajuster et de poser l’intention pour 2022 d’en faire moins. Pas par paresse, mais pour tout simplement prendre davantage soin de moi, de mon rythme. Pouvoir créer en étant à l’écoute de mon énergie, qui, je le sais bien, est cyclique. M’autoriser des moments de « rien », qui, même s’ils semblent être improductifs, me sont indispensables pour entretenir mon énergie créatrice. Et pour pouvoir agir en restant connectée à ce qui fait sens pour moi, avec justesse, discernement et alignement.

Je prends une nouvel fois conscience de combien cet équilibre entre l’être et le faire est si fragile… J’avais d’ailleurs déjà écrit un article à ce sujet pendant le confinement en avril 2020. Je crois que c’est là un défi qui me suit… 😉

Je prends conscience avec ce bilan de combien il est difficile de modifier des croyances et un mode de fonctionnement bien ancrés qui m’amènent à travailler sans relâche et à me culpabiliser quand je ressens l’envie de m’arrêter. Et bien sûr, cela me renvoie à ce que j’observe tous les jours chez mes clients : des collaborateurs fatigués, usés, à la limite du burn-out, qui, même pour ceux qui prônent le bien-être de leurs salariés, ne parviennent pas à faire un pas de côté pour s’extraire de la roue infernale du hamster dans laquelle ils ne cessent de pédaler.

Aider à faire ce pas de côté pour prendre le recul nécessaire vis-à-vis de nos modes de fonctionnement délétères fait clairement partie de mes intentions pour 2022. Pas de côté indispensable pour commencer à prendre davantage soin de soi, remettre plus de bienveillance dans nos vies, en commençant par la bienveillance avec soi-même. Ce n’est qu’ainsi, j’en suis convaincue, que l’on pourra changer de paradigme et aller vers notre vocation, telle que la définissait Pierre Rabhi :

« Il nous faudra bien répondre à notre véritable vocation, qui n’est pas de produire et de consommer sans fin [et de travailler sans fin, pourrions-nous ajouter 😉], mais d’aimer, d’admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ces formes. »

Une invitation à travailler moins, mais mieux, en conscience de soi, des autres et de son environnement…

Et vous, avez-vous envie de tenter ce pas de côté ? Etes-vous prêt à passer en mode slow work ?

Plus que toute autre année, 2020 m’a amenée à lâcher prise et croire en mes rêves, en ce à quoi j’ai envie de contribuer : aider les organisations à se transformer pour agir au service du vivant. Impulser et mettre en action des dynamiques de transformation et d’innovation, au service d’une performance durable.

Plus que jamais, je pense qu’on ne peut plus faire comme avant. Tout est à réinventer : nos façons de travailler ensemble, de produire, de consommer, d’être en relation avec les clients, nos modes de gouvernance, nos modèles économiques. Pour moi qui aime imaginer, inventer, stimuler la créativité et faire émerger l’intelligence collective, je dois dire que c’est assez enthousiasmant.

Alors, si tout est à réinventer, il va nous falloir CREER. Je dirais même CO-CREER. C’est mon souhait pour 2021. CO CREer, avec une recette toute simple que je vous laisse découvrir en vidéo : beaucoup de CO (du COllectif, de la COnnexion, de la COnscience, de la COnvivialité, de belles COllaborations) et une bonne dose de CREativité !

Je vous partage ici une synthèse ainsi que des passages du livre « Nouveau monde cherche nouveaux dirigeants, leadership humaniste » de Nathalie Rodary, que je viens de terminer. Un livre à lire d’urgence si vous vous demandez comment vous pouvez agir, en tant que dirigeant, pour contribuer à un monde meilleur.

Un diagnostic sans appel : Notre vieux monde doit se réinventer radicalement… ou disparaître

Notre vieux monde est à bout de souffle. Epuisement des ressources planétaires, épuisement des femmes et des hommes comme en témoigne le taux de burn-out. La quête de sens n’a jamais été aussi forte dans le monde du travail, et pour cause : où est le sens de ce système qui épuise les Hommes et la planète, qui accentue les inégalités, les riches étant toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres ?

Notre vieux monde doit se réinventer radicalement… ou disparaître. Cela peut paraître exagéré, mais ne l’est pas en réalité. Les signaux sont là depuis longtemps et sont de plus en plus forts. Toutes les crises que nous vivons « sont autant d’appels à nous réveiller, à sortir de notre profonde léthargie. Ces crises sont autant d’alertes que nous envoie notre corps planétaire, comme pour nous signifier que nous sommes malades. »

« Les temps sont venus de changer de route, et ce changement est un saut, un saut de conscience. Soit l’humanité fait ce saut de conscience et gagne ainsi une nouvelle façon d’être au monde qui engendre un Nouveau Monde, soit elle est destinée à disparaître, son état d’évolution et sa façon d’être actuelle ne lui permettant pas d’aller plus loin, positivement, dans la même direction, au rythme de croissance qui est le sien. »

Nous avons besoin de nouveaux dirigeants, animés par une nouvelle conscience et porteurs d’une nouvelle vision 

Dans ce très bel ouvrage, Nathalie Rodary lance un appel à de nouveaux dirigeants : des dirigeants humanistes, c’est-à-dire au service de l’humain, au service du bien commun, animés par une nouvelle conscience qui prend sa source au plus profond de leur Être, dans cette conscience qui sait que nous sommes tous reliés par un destin commun, planète et Hommes.

Einstein nous disait très justement : « Aucun problème ne peut être résolu sans changer le niveau de conscience qui l’a engendré. »

Notre monde a besoin de nouveaux dirigeants courageux, qui osent prendre une autre direction, en cohérence avec la conscience qui les anime. Il ne s’agit pas d’amener quelques réformes mais bien de transformer complètement les systèmes en place, en partant d’une page blanche : « Les ré-formes concernent l’ancienne forme, qu’elles tentent de rétablir, d’affiner ou d’améliorer. Or, quand on est en bout de route, il n’y a plus rien à optimiser et c’est bien une route d’une nouvelle forme qu’il s’agit de dessiner. Il s’agit alors de trans-former. » Cela demande du courage, car il faut laisser mourir l’ancien monde, laisser mourir ce qui n’a plus lieu d’être, les anciens systèmes, et oser inventer le nouveau.

Notre monde a besoin de nouveaux dirigeants porteurs d’une nouvelle vision, une vision qui fait sens par rapport aux défis qui sont devant nous. « Si tant de gens freinent le changement en entreprise, c’est avant tout qu’il y a un problème de leadership et de vision.(…) Pourquoi les personnes vous suivraient-elles ? Pour quoi ? Et pourquoi ? »

Notre monde a besoin de nouveaux dirigeants reliés à leur cœur. Car c’est le cœur qui permet d’agir en étant aligné avec ce qui nous anime profondément, c’est le cœur qui amène la cohérence qui fait tant défaut aujourd’hui. C’est le cœur qui permet de sortir de la dualité, de l’égo. C’est le cœur qui nous permet de ressentir, de sentir que nous sommes tous reliés, tous interdépendants.

La transformation commence par soi : il s’agit de se reconnecter à ce qui nous appelle au plus profond, notre raison d’être 

La création de ce nouveau monde passe par une transformation qui est, en premier lieu, intérieure. Transformation qui prend sa source dans la croissance de notre conscience. « Comme pour toute chenille en passe de muter vers autre chose, l’expérience de transformation est interne. »

Il s’agit de reconnecter à cette « intelligence spirituelle » dont parle Romain Cristofini dans son livre « L’intelligence spirituelle au cœur du leadership ». Pour Nathalie Rodary, il s’agit de nous reconnecter à notre propre lumière. « Nous ne sommes pas venus sur Terre pour survivre, nous sommes venus sur Terre pour nous réaliser, c’est-à-dire pour déployer et partager aux autres la lumière qui nous anime (anima), en d’autres termes, grandir pour la faire jaillir. »

Pour y parvenir, il s’agit de se reconnecter à ce qui nous appelle au plus profond, notre raison d’être :

« Nous avons tous quelque chose d’unique, qui nous anime, que nous sommes venus offrir et partager aux autres, pour le plus grand bien de tous. »

Pour découvrir notre raison d’être, il faut savoir s’arrêter et faire silence, laisser du vide et de l’espace, pour entendre la réponse à ces questions : « Qui es-tu ? Quelle est ta contribution unique au monde ? » C’est cela finalement le vrai courage : le courage d’être soi et de ne plus s’identifier au personnage que l’on a construit. « C’est un chemin individuel de dépouillement pour revenir à l’essentiel car tout est déjà en Soi, rien n’est à aller chercher à l’extérieur. »

Ainsi, « nous avons tous une raison d’être intrinsèque, unique. (…) De même, chaque entreprise a une raison d’être. Une entreprise qui n’en aurait pas n’est pas destinée à durer. Car tel un arbre sans tronc, autour de quel axe pourrait-il se recentrer en cas de coup de vent économique ? Si son seul moteur est d’être dans le vent (« à la mode »), c’est là une ambition de feuille morte : sans ancrage, sans vie. »  J’ajouterais que si son seul moteur est de faire des profits, il en va de même.

« Ainsi, les entreprises, en tant qu’entités vivantes, participent-elles aussi au grand mouvement de la vie qui consiste à donner de son talent, de sa raison d’être au monde, en cohérence. En cela les entreprises ont un rôle fondamental à jouer au service de l’humanité. Elles sont un acteur de la transformation et de l’évolution humaine, et doivent travailler à cette conscience-là. »

« L’heure est à la trans-formation : au changement de forme. Et cela commence par nous-mêmes. Oui, car l’humain est au cœur : nous sommes au cœur des problèmes, puisque ceux que nous tentons de résoudre ont été créés par nous ; nous sommes au cœur de la résolution de ces problèmes. En un mot, nous sommes l’outil de cette transformation : si je transforme, alors le monde trans-forme. Et sans ego le monde transforme vite. Et comprenons bien qu’il ne s’agit pas changer de nature. C’est au contraire se reconnecter à sa vraie nature pour la déployer dans une nouvelle forme. »

Pour créer ce nouveau monde, nous avons donc besoin de nouveaux dirigeants, reliés à leur nature profonde, mais aussi en équilibre et en paix avec eux-mêmes. L’un amenant l’autre, à mon sens. « En paix avec soi-même, nous sommes en paix avec l’autre et avec la vie tout court. (…) Les problèmes d’environnement et d’écologie de ce vieux monde que nous quittons ne sont que des problèmes d’écologie relationnelle, de soi avec soi, de soi avec les autres, de soi avec son environnement, de soi avec la vie.(…) Si nous cultivons avec nous-mêmes une relation de paix et d’amour, nous cultivons nécessairement une relation de paix et d’équilibre avec notre environnement. (…) En paix avec nous-mêmes, le besoin de dominer nous est devenu étranger. Dans notre Nouveau Monde, la coopération devient la règle. »

Une coopération qui est « beaucoup plus créative que la compétition », comme l’affirme Matthieu Ricard.

Nouveau monde cherche nouveaux leaders : des leaders humanistes

Tout d’abord, re-définissons ce qu’est un leader. « Le leader est celle ou celui qui inspire une nouvelle vision vers laquelle nous emmener et que l’on a envie de suivre. (…) Le leadership n’est pas un statut, un titre ou une fonction, mais une énergie qui meut et émeut. (…) Le leader n’est pas un dirigeant assis sur une position pyramidale et hiérarchique « à la tête de… ». Le leader n’est pas au-dessus, il est devant, il est à l’avant-garde car il est déjà dans ce monde d’après. (…) Le leader est quelqu’un que l’on suit volontiers, mû par une dynamique personnelle convaincante qui va au-delà du Moi, car elle est reliée au Soi. »

Parmi les différentes définitions du leader humaniste que donne Nathalie Rodary, j’ai retenu les suivantes, qui résonnent particulièrement pour moi :

« Un leader humaniste est un leader de la transformation : gardien de l’âme et créateur, en cohérence, de la nouvelle forme éclairée. »

« Un leader humaniste sait reconnecter les têtes au cœur. »

« Un leader humaniste est un dirigeant qui a conscience de ce qui motive sa démarche, de ce qu’il porte, de l’essence même de sa raison d’être, de celle de son entreprise ou de « ses entreprises » au sens large et qui l’exprime. Rappelons-le, l’argent n’est jamais au cœur de sa démarche. »

« Un leader humaniste est fondamentalement quelqu’un qui nous aide à grandir, car c’est un chemin qu’il a déjà emprunté pour lui. Il n’est pas celui ou celle qui aime nos faiblesses mais celui ou celle qui nous aide à nous en libérer avec exigence, nous rendant par là-même notre dignité. C’est quelqu’un qui a lui-même travaillé sa propre cohérence pour être aligné, ancré, avec des repères internes et une structure solides. »

« Un leader humaniste est centré au cœur, car c’est ici que nous pouvons être un observateur paisible des faits et puis agir ensuite à partir du cœur. Nos actions nous sont alors dictées au cœur, elles nous viennent fluides, naturelles, sans forcer. »

« Un leader humaniste ne se bat pas contre l’obscurité, mais la dissout par sa seule présence. C’est sa nature d’être. Il n’agit pas « contre » mais « pour » et permet ainsi l’émergence d’un autre monde, d’une autre réalité. »

En marche vers ce nouveau leadership !

En conclusion : « Pas de Nouveau Monde sans nouveau leadership à la tête des organisations, des entreprises, des Etats et de tout le système. Car en posture de « tête », notre impact sur celles et ceux dont nous avons la responsabilité est énorme. »

« Il est temps de nous mettre en route sur ce chemin si nous ressentons être cette femme ou cet homme, porteurs d’une conscience, d’une vision qui ne demande qu’à se partager en grand, au bénéfice de tous. »

« Dans cet élan, réinvestissez votre courage pour faire ce chemin MAINTENANT et ne plus vous arrêter en route, car seul le chemin individuel nourrit solidement le chemin collectif. »

Comment avancer sur ce chemin vers un nouveau leadership ?

Ce livre m’a tout simplement enthousiasmée, tant je partage la vision de Nathalie Rodary !

Cette vision, je la porte avec mon amie et partenaire Delphine Coffart (La Respiration Créative). Nous sommes toutes deux très préoccupées par l’état dans lequel se trouve notre planète, et en même temps convaincues que nous avons la capacité de changer le cours de l’histoire, pour peu que nous nous reconnections à notre essence profonde, notre raison d’être. Nous sommes convaincues que la transition vers un monde plus respectueux du vivant passe déjà par cette transition personnelle. C’est pourquoi nous avons conçu un parcours de trans-formation vers un leadership plus conscient, qui s’adresse à tous les dirigeants, femmes et hommes, qui se sentent appelés à faire ce chemin. Un chemin vers plus de conscience pour impacter positivement le monde.

Vous souhaitez en savoir plus ? N’hésitez pas à nous contacter, nous serons très heureuses d’en parler avec vous ! 🤗

Mercredi 8 avril 2020. Voilà maintenant 3 semaines et demi que nous sommes confinés chez nous. Bientôt un mois…

Vendredi dernier, une amie m’invitait à me poser la question suivante : « Qu’est-ce que ce confinement change en moi ? », partant de cet adage qui dit que « parfois, les choses que nous ne pouvons pas changer finissent par nous changer ». Alors j’ai pris le temps de me poser sur cette question et vous partage ici mes premières réflexions…

La « crise du COVID 19 », ce petit virus qui a en très peu de temps tout mis à l’arrêt. Depuis nos vies jusqu’à l’économie mondiale. C’est comme si quelqu’un avait, malgré nous, appuyé sur le bouton « pause » de la télécommande pour arrêter le film que nous étions en train de jouer. Pour passer de la posture de personnages de ce film (et je n’utilise pas volontairement ici le mot « acteurs ») à celle de spectateurs. Pour prendre le temps de regarder ce film. Un film qui parle de la course folle de nos vies. Un film qui nous donne notre dose d’adrénaline, nous donnant ainsi l’impression (l’illusion ?) de vivre. Oui, de vivre une vie trépidante où nous courons de réunion en réunion, où nous sommes toujours dans l’action. Mais est-ce cela le sens de la vie ?

Cette crise nous impacte tous différemment. Il y a ceux qui sont en première ligne, qui se donnent corps et âme chaque jour, pour aider, soigner. Il y a ceux qui continuent d’aller travailler pour répondre à nos besoins de première nécessité (personnel travaillant dans les commerces alimentaires, pharmacies, éboueurs, facteurs, et bien d’autres encore). Il y a tout le corps enseignant qui s’adapte, qui télétravaille, pour continuer à transmettre à nos enfants. Il y a tous les salariés qui télétravaillent aussi, tout en essayant de gérer au mieux l’impact de cette crise sur leur entreprise ainsi que leur vie familiale, pour ceux qui ont des enfants. Et puis il y a aussi ceux dont l’activité professionnelle s’est arrêtée du jour au lendemain. Les commerçants dont les commerces ne répondent pas à des besoins de première nécessité, les restaurateurs, un bon nombre d’indépendants dont je fais partie, et bien d’autres encore. Pour autant, je pense que pour tous, même si les impacts sont différents, cette crise a à nous transmettre des enseignements précieux.

Pour ma part, je me suis donc retrouvée sans activité du jour au lendemain. Les missions clients arrêtées, reportées. J’ai très bien vécu la première semaine du confinement, cette pause bienvenue dans ma vie. Prendre le temps de profiter de mon jardin, du soleil, de mes enfants, jouer, peindre, lire, écrire, réfléchir, méditer, faire du yoga. Il n’était plus question de FAIRE, juste d’ETRE, et c’était bon. Doux, agréable. Une pause dont mon corps et ma tête avaient sans doute besoin.

Puis est venue la deuxième semaine, avec beaucoup de « tentations ». Le besoin (ou l’envie ?) de FAIRE, d’être actrice, de « profiter » de cette période pour « faire plein de choses » : contribuer, échanger, apprendre, découvrir. Et cette deuxième semaine a été à l’opposée de la première, avec beaucoup de rendez-vous en visio-conférence, pour travailler à la construction du programme de la prochaine Fabrique du Changement de Lille, découvrir comment allier jeux et développement personnel / développement d’équipe avec « le labo des jeux », et aussi pour échanger, réfléchir à comment « faire ma part » et être active / actrice dans cette période. Au final, une deuxième semaine où je me suis presque sentie « débordée », par contraste avec la première semaine, tant j’étais dans le FAIRE. Comme « prise à la gorge », en manque de respiration.

En même temps que je vivais cela, je travaillais à la mise en place d’un atelier sur l’intelligence émotionnelle, que j’ai proposé en troisième semaine. En préparant cet atelier, je me suis vraiment posée sur ce que je ressentais pour aller identifier les besoins que je nourrissais, et ceux, à l’inverse, qui n’étaient pas nourris. Ce qui m’a permis de mettre le doigt sur mon besoin de trouver en moi cet équilibre entre l’ETRE et le FAIRE. Et de comprendre que l’équilibre, ce n’est pas 10% à ETRE pour 90% à FAIRE, mais un réel équilibre. 50-50. Comme la respiration finalement, où l’inspir est égal à l’expir. Au-delà de comprendre que j’avais ce besoin, j’ai pu expérimenter en quoi cet équilibre est bénéfique. Pour moi, déjà, mais aussi, je pense, pour tout un chacun. 

Quand je suis dans l’ETRE, je suis dans l’instant présent. Je suis à l’écoute de mes émotions, mes ressentis, mes élans spontanés. ETRE moi avec moi, cela peut passer pour moi par la méditation, le yoga, l’écriture. ETRE moi avec les autres, c’est un état que je contacte par exemple quand je joue avec mes enfants ou quand j’ai une discussion authentique et profonde avec des amis. Une connexion d’ETRE à ETRE. Et enfin, ETRE moi avec mon environnement, avec la planète, passe pour moi notamment par l’observation et l’écoute de la nature. Peu importe les moyens, qui sont propres à chacun pour être dans cette qualité d’ETRE. Ce qui importe, c’est l’intention. Ne pas chercher à FAIRE, à obtenir un résultat, à être efficace, à optimiser mon temps. Simplement jouir de l’instant présent. C’est cela pour moi ETRE.

Et j’ai pu observer depuis une semaine que cet état d’ETRE me permet de FAIRE, d’agir en conscience, à partir de mes élans, de mon cœur, et non pas en mode « pilote automatique ». La « to do list » quotidienne que je pouvais m’imposer (pour au final n’en faire peut-être que 30% ou 50%) est devenue la « tout doux liste », pour reprendre l’expression d’une amie.

J’ai pu observer que lorsque je suis dans cette qualité d’ETRE, je suis pleinement dans la conscience de ce que je vis et de ce qui vit en moi, mettant en exergue le sens et l’essence, l’essentiel. Me permettant de faire le tri, de me réajuster en permanence dans un FAIRE équilibré, ajusté, aligné avec ce qui fait sens pour moi, ce qui m’est essentiel. Et permettant à ma créativité d’émerger. Le principal indicateur de cela étant pour moi le fait de ressentir de la joie.

Ma prise de conscience, c’est que cet équilibre me semble plus que jamais indispensable. L’équilibre entre l’ETRE et le FAIRE. Pour moi. Pour nous tous. Pour notre planète. Pour reprendre l’image de la respiration, inspirer / me laisser inspirer (ETRE) par ce qui émane de mon intériorité et de ma connexion aux autres et à mon environnement, pour pouvoir expirer (FAIRE) en conscience. En conscience de moi (mes émotions, mes besoins, mes élans), en conscience des autres et en conscience de mon environnement. Cet équilibre me semble indispensable pour agir avec discernement et justesse. Ne pas agir pour « dépiler » une « to do list » qu’on s’impose, pour s’occuper ou pour remplir ses journées, comme la société de consommation nous l’a appris. Mais agir en conscience de ce qui est bon est juste pour nous, pour les autres et pour notre environnement.

J’ai pris conscience pendant ce confinement que ne rien FAIRE n’était pas synonyme de non impact. Il me semble que de rester ancré et serein au travers d’une qualité d’ETRE dans la période que nous traversons est indispensable pour contrebalancer toute l’agitation extérieure ambiante qui parle aussi de peurs. A l’image d’un phare qui est simplement posé, ancré, sur la terre ferme, qui ne « fait » rien, hormis éclairer, quand c’est l’agitation en pleine mer et que les marins s’activent pour traverser la tempête. A nouveau, tout est une question d’équilibre.

Dans ce monde où les « bons » KPIS parlent d’efficacité, de productivité, de rentabilité, j’ai envie de questionner avec cet article sur l’efficacité réelle de nos actions. La « vraie » efficacité ne doit-elle pas intégrer la notion de durabilité ? Sous peine de voir tous nos efforts réduits à néant en un rien de temps, comme nous le montre la crise que nous traversons aujourd’hui.

Je suis intimement convaincue que les choix les meilleurs sont ceux qui sont bons et justes pour nous, pour les autres et pour notre planète. D’où l’importance de trouver cet équilibre fragile entre l’ETRE et le FAIRE. Savoir s’arrêter, faire silence, pour pouvoir être à l’écoute de nos ressentis, de nos élans, de cette petite voix intérieure qu’on peut appeler l’intuition, mais aussi à l’écoute des autres et de notre environnement, pour agir avec discernement et justesse. Cela nécessite de ralentir, de marquer des temps de pause, comme celui que nous vivons en ce moment. Pour sortir de la roue du hamster, arrêter de courir sans plus même savoir où l’on va, sortir du mode « pilote automatique ».

Alors oui, pour l’instant, je n’ai plus de « travail ». Mais j’ai envie de dire MERCI pour cela, merci pour cette crise qui me permet de rééquilibrer l’ETRE et le FAIRE. De ressentir en moi combien cet équilibre si fragile est tellement important. Vivre cette expérience en conscience pour en imprégner chacune de mes cellules, et je l’espère, ne pas repartir « à fond », après, dans la roue du hamster.

Loin de me sentir privée de ma liberté, j’ai au contraire le sentiment d’être plus libre que jamais. Car la véritable liberté n’est-elle pas celle d’agir en conscience, en choisissant à chaque instant chacune de nos actions, en répondant chaque jour à cette question :

Au service de quoi ai-je envie de mettre mon énergie aujourd’hui ?

Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à le partager ! 🙂

J’ai eu envie, au travers de cet article, de vous partager une belle découverte de mon été : le dernier livre de Louise Browaeys, « Accompagner le vivant ».

Ce livre est une invitation à relier écologie, permaculture, éducations alternatives et entreprise libérée. Pour trouver des solutions nouvelles aux crises environnementale, sociétale et économique que nous traversons.

Comme le dit très bien Frédéric Laloux dans son livre « Reinventing organizations », que cite Louise Browaeys, le changement de paradigme est indispensable pour résoudre ces crises : « Einstein a dit […] que l’on ne peut pas résoudre un problème sans sortir du mode de conscience qui l’a créé. S’il a raison, nous n’aurons pas les moyens d’éloigner la menace des crises provoquées par la modernité (réchauffement climatique, surpopulation, épuisement des ressources naturelles, destruction des écosystèmes) avec des organisations modelées par la pensée de la modernité.»

Ce changement de paradigme que nous propose Louise Browaeys, c’est une invitation à prendre soin du vivant, sous toutes ses formes. Reprendre contact avec le vivant pour rester vivant.

« Apprendre à nous inspirer du vivant pour durer, pour vivre, pas seulement pour survivre ou pour vivre mieux. »

En l’occurrence, Louise Browaeys propose de nous inspirer de la permaculture pour mettre en place des méthodes d’éducation alternatives aux méthodes actuelles obsolètes et de nouvelles formes d’organisations, dites libérées.

Plus que d’entreprise libérée, Louise Browaeys parle d’entreprise libérante. L’entreprise libérante, c’est celle qui libère les énergies, qui libère tout le potentiel individuel et collectif d’une organisation.

« Les entreprises « libérées » sont celles où l’on est peut-être le plus susceptible de se sentir vivant. Libéré de certaines peurs, d’une partie de notre ego si tenace et des formes autoritaires du contrôle ou de la domination. Relié à soi autant que possible, relié aux autres et relié au monde. »

Parmi les méthodes d’éducation alternatives inspirées du vivant, Louise Browayes cite notamment la pédagogie Steiner qui se base sur les mêmes principes que l’agriculture biodynamique, et dont « l’objectif n’est pas seulement d’obtenir l’épanouissement des enfants, mais de faire en sorte que la société soit faite d’hommes et de femmes souverains, doués de discernement, conscients des équilibres et des risques écologiques, et capables de relever les défis majeurs de notre temps : vivre ensemble, dans le respect de soi, des autres, de la planète. »

On retrouve ces mêmes objectifs dans les entreprises libérées, qui ont bien compris l’interdépendance entre l’économie, les hommes et la planète. « Le profit n’est pas le but premier d’une entreprise dite « libérée ». La performance économique est importante, mais elle est un moyen pour vivre, comme l’oxygène. Le but, c’est le sens commun, la vision partagée pour laquelle chacun œuvre, sur laquelle chacun s’aligne. Le but, c’est la santé du commerce, tributaire de celle des hommes, des liens et des sols. Les entreprises libérées (ou plus précisément libérantes) sont finalement les plus performantes, car chacun, en pleine possession de ses actes et en pleine connaissance des règles, met du cœur à l’ouvrage. Les énergies se libèrent. […] Paradoxalement, plus les entreprises avancent sur le chemin de la libération, plus elles se désintéressent du profit, et plus elles en font. Le profit, comme le bonheur, n’advient que de surcroît. »

Ce qui est clé, c’est le respect et l’accompagnement du vivant. Le professeur des écoles, comme le manager, deviennent des jardiniers.

« Le manager, initialement attendu pour des missions de contrôle, de planification et d’organisation, doit évoluer pour devenir coach, jardinier, porteur d’eau. […] Il s’agit de créer un cadre nourrissant et pérenne pour favoriser l’abondance, la fécondité, la confiance, la diversité et les potentiels de chacun. Au lieu de chercher à plier à notre volonté nos enfants, nos voisins, nos collègues, le sol et la nature entière. »

Finalement, « La meilleure façon de gouverner, c’est d’accueillir les forces de vie. […] C’est d’accompagner le vivant, dans une humilité active. […] Humilité qui ne veut pas dire se rabaisser, mais respecter. Respecter le vivant en nous et hors de nous, quel qu’il soit. […] Créer les circonstances qui invitent à cheminer. Ne pas se focaliser sur le bonheur ou l’efficacité _ qui ne viennent que lorsqu’on n’y pense plus _ mais sur la joie, les liens, la beauté du métier bien fait. […] Ne pas chercher à convaincre, à exploiter, mais à comprendre, à faire germer, à allumer silencieusement la flamme contagieuse qui s’appelle l’intelligence. » Tout cela peut paraître simple, mais ne l’est pas tant que ça en réalité. Pour parvenir à cette posture, les managers doivent apprendre à tomber les masques, lâcher l’ego, lâcher prise. Cela ne s’improvise pas, encore moins quand on a grandi et appris dans un contexte de compétition.

Retrouver le chemin de l’authenticité, de l’humilité, de la confiance, de la coopération, voilà le défi qui attend les managers qui veulent inscrire leur entreprise dans une performance durable. (Ré)apprendre à se relier à soi (son soi authentique), aux autres et au monde.

Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à le partager ! (lien vers les réseaux sociaux sous la photo ;-))